L’art du Kintsugi : Réparer ce qui se casse pour un renouveau

1/ L’art du kintsugi

Le mot Kintsugi vient du Japonais Kin (or) et Tsugi (jointure), et signifie donc littéralement : jointure à l’or. L’art du Kintsugi est appelé le Kintsukuroi, signifiant « raccommodage à l’or ». En outre, le Kintsugi permet de réparer des objets cassés, abîmés, non pas en dissimulant les fêlures mais en les sublimant avec de l’or. Ce procédé utilise une laque (urushi en japonais) pour recoller les morceaux et recouvrir les fissures d’or afin de souligner leurs imperfections. Les objets en céramique sont réassemblés, séchés et polis. Enfin, on peint les cicatrices de poudre d’or, d’argent ou de bronze afin de créer des motifs. Après cette réparation décorative, les objets deviennent encore plus solide qu’avant.

Symbole de renouveau, le Kintsugi est issu du Wabi-Sabi, un concept qui voit la beauté dans la simplicité et l’imperfection. L’histoire et les accidents de ces objets ne signifient pas qu’ils doivent être mis au rebus. Au contraire, c’est une manière d’opérer un renouveau. Cet art est une métaphore de la résilience que vous pouvez appliquer à vous-même. Ce procédé de restauration traditionnel prend du temps telle une blessure en cicatrisation.

2/ Histoire du kintsugi

La légende raconte que le Shogun Ashikaga Yoshimasa (1435-1490) utilisait toujours son bol (« Chawan ») préféré lors de la cérémonie du thé. Un jour, il se brisa. Ainsi, il l’envoya donc en Chine, d’où il provenait, pour le faire réparer. Plusieurs mois plus tard, le bol revint avec des agrafes en métal très peu esthétiques. Il chargea donc des artisans japonais de trouver une solution pour « améliorer » cette réparation. C’est ainsi que l’art du Kintsugi voit le jour.

3/ Les étapes manuelles du kintsugi

Cette technique ancestrale demande du temps, de la rigueur et des gestes précis. C’est un processus en plusieurs étapes pour « guérir ».

Recoller les morceaux

Un accident, un faux mouvement, voilà votre bol préféré au sol en plusieurs morceaux. Il est temps de retrouver toutes les pièces du puzzle ! Ensuite, mélangez la laque (Urushi) avec de la poudre de terre cuite afin d’obtenir un genre de mastic. Puis, il est temps de l’appliquer délicatement sur les morceaux brisés afin de les recoller ensemble. La laque (Urushi) utilisée comme liant pour coller les pièces est naturelle, mais elle est très irritante. Ainsi, il est donc important de se protéger lors de son application. Cependant, une fois que la laque sèche, elle durcira et réparera parfaitement l’objet, perdant ainsi sa toxicité. Puis, ajoutez des élastiques pour bien tenir la pièce en place et lui laisser le temps de guérir…

Laisser le temps faire les choses

S’en suit ensuite une période de plusieurs semaines pendant laquelle la résine va sécher lentement. Une fois la laque sèche, poncez délicatement la surface de l’objet pour la rendre lisse. Utilisez du papier de verre fin pour égaliser les bords et les fissures.

Réparer pour un renouveau

Une fois la période de séchage passée, il faut polir en nettoyant les traces de liant avec un cutter et de l’essence de térébenthine, puis en poncer avec du papier de verre pour lisser parfaitement la surface. Les cicatrices s’estompent peu à peu. Ensuite, déposez avec application sur toutes les cicatrices de l’objet une première couche de laque, noire, (Roiro-urushi) à l’aide d’un pinceau très fin. Puis, armez vous de patience et encore une fois, laissez sécher 2 semaines.

Enfin, pour révéler et embellir ces cicatrices, il faut placer la poudre d’or sur un pinceau ou dans un tube d’application et la saupoudrer doucement sur la laque encore collante sans la toucher car elle est encore fraîche. Afin de protéger l’or, il faut appliquer une fine couche de laque protectrice que l’on tamponnera doucement 5 minutes plus tard. On laissera sécher à nouveau pendant 24 heures.

4/ La philosophie du kintsugi

Au-delà d’une activité manuelle, le kintsugi appelle à un travail intérieur pour réparer les blessures de l’âme.  Les marques sont comme des cicatrices qui sont magnifiées et transformées. Tout comme les fissures sont recouvertes d’or, vous pouvez transformer vos blessures en nouvelles possibilités. Dans l’art du Kintsugi, l’objet est réparé, consolidé, embelli, il porte fièrement ses blessures, et il devient paradoxalement d’autant plus précieux qu’il a été brisé. Ainsi, le Kintsugi vous rappelle que vos blessures, visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmonté vos difficultés. En outre, le Kintsugi est une belle métaphore de la résilience. Le temps est le maître de votre guérison.

👉🏻 L’art thérapie, vous connaissez ?

Alors, connaissiez vous l’art du kintsugi ? Est-ce une pratique qui résonne avec vous ?

Camila de la Biotyfull Team